À quoi ressemblera le NLP futur ? - Partie 2/2 - Le cerveau, interface future

19-02-2019   •   5 min de lecture

Dans la Première partie nous avons décrit l’expansion des IA faibles et imaginé ce que pourraient être des IA fortes.

Revenons au présent des machines et au futur en train de se construire. Pourquoi le cerveau a-t-il toutes les chances de devenir la nouvelle interface homme-machine ? Quelle est notre responsabilité dans la course à l’IA ? Quel cadre éthique convient-il d’établir pour préserver notre libre-arbitre ?

Voici une présentation de ce que pourrait être le NLP futur, et un résumé des principaux enjeux éthiques concernant l’utilisation des IA.

 

La pensée, future interface

La cognition est au coeur des avancées futures, côté machine comme côté humain. Nous avons évoqué la voix, prochaine interface naturelle. L’étape suivante, découlant logiquement, est la pensée.

Commençons par une observation. Le cerveau est l’antichambre du langage. Nos pensées sont formalisées par un langage intérieur, une “petite voix” – comme dans l‘expérience de la lecture silencieuse. Un micro très sensible permettrait de les enregistrer.

En outre, les ondes cérébrales dans l’aire de Wernicke (lobe temporal gauche), peuvent être analysées, transformées en mots. Le projet Brain-to-text en atteste (Karlsruhe Institute of Technology, National Center for Adaptive Neurotechnologies, New-York).

Source : Stranger Things

●  Un cerveau pour les machines 

Par différence avec les réseaux de neurones virtuels (algorithmes, machine learning et deep learning), un nouveau terrain d’expérimentation se dessine. Il s’agit de créer des neurones artificiels à travers un hardware bio-inspiré.

Dans ce nouveau champ de la R&D, des neurones artificiels sont fabriqués pour imiter les neurones biologiques. Ces neurones répondent à une excitation synaptique par des potentiels d’action identiques à ceux obtenus avec des neurones biologiques. Le but est d’essayant de reproduire la plasticité de nos neurones – avec une IA forte à l’horizon de ces recherches.

Source : Sören Boyn/CNRS-Thales, vue d’artiste d’une synapse électronique

L’autre enjeu, grâce à des capteurs, est de relier la machine au monde. En sortant du circuit fermé des représentations, grâce à des perceptions et des images sensorielles, on peut formuler l’hypothèse que les IA futures puisse accéder à un rapport au monde, à une expérience du réel.

●  Le marché de la braintech

Le marché de la Braintech est en plein développement. Annoncé par Facebook, il est aussi le terrain de jeu de startups françaises, comme Netxmind – dont le slogan est “what you think is what you do”. Il fait trembler 75% des Américains, qui redoutent un implant cérébral.

Portal, le laboratoire de Facebook dédié à la recherche sur les nouvelles technologies, travaille sur la compréhension du langage à l’échelle neuronale. Pour Mark Zukerberg, il s’agit de “rendre les choses beaucoup plus naturelles”, en “décoder les mots que vous avez déjà décidé de partager en les envoyant au centre de discours de votre cerveau”. Neuralink filiale appartement à Elon Musk, travaille sur des implants pour augmenter les capacités cognitives humaines.

Source : next-mind.com

●  Prédictions transhumanistes 

Enfin, un courant de pensée, soutenu par des cadres et dirigeants de Google, fait l’apologie du transhumanisme. Raymond Kuzweil prédit ainsi, en 2045, qu’il sera possible de télécharger sa conscience, et de tuer la mort (The Singularity is Near : When Humans Transcend Biology).

La série Black Mirror met en scène de tels scénarios, comme dans l’épisode “San Junipero”, dans lequel une femme mourante retrouve la jeunesse et évolue dans une réalité virtuelle, avec la possibilité d’y demeurer toujours.

Source : Black Mirror

IA et éthique

On le voit, les perspectives proches et lointaines de l’IA faible – et un jour, peut-être de l’IA forte – bouleversent notre rapport au monde. Comment concevoir des IA éthiques, en particulier dans le champ du NLP ?

● Les nudges

Lauréat du prix Nobel d’économie, l’américain Richard Thaler a mis en lumière en 2008 le concept de nudge, technique qui consiste à inciter les individus à changer de comportement sans les contraindre et en utilisant leurs biais cognitifs.

● La servitude volontaire

Ces techniques de manipulations sont depuis longtemps utilisées sur le web, dans les applications, à des fins commerciales, pour nous inciter à utiliser tel ou tel produit, à consulter telle ou telle application dans laquelle une notification apparaît. Les nudges tendent à développer une forme d’addiction aux technologies numériques. Des travaux ont été lancés sur le sujet par l’équipe de Laurence Devillers et le CNRS.

● Ethique by design

De nombreux chercheurs défendent le principe d’une éthique by design, soit d’une conception responsable et sociale des outils numériques.

A l’heure actuelle, de nombreux algorithmes sont biaisés, reconduisant des préjugés, les nudges accaparent notre attention, à des fins mercantiles, et les sociétés prestataires de services numériques exploitent nos données sans notre consentement – en atteste le scandale Cambridge Analytica, par exemple. Des moteurs de recherche vertueux, comme Qwant, ont les faveurs des défenseurs du numérique éthique.

Source : cargocollective.com

Pour conclure, dans un monde où la transformation technologique est extrêmement rapide, le cerveau pourrait dans quelques années devenir la nouvelle interface homme-machine. Nous communiquerions alors par la pensée aux objets, dans le cloud, et peut-être entre nous.

En attendant le miracle télépathique, pour ne pas se laisser prendre au miroir aux alouettes d’IA à notre imitation, ne pas succomber à la servitude volontaire vis-à-vis des IA au service d’entreprises mercantiles, la vigilance est de mise. Il convient de réfléchir à des produits et solutions technologiques éthiques by design et d’imposer des règles en ce sens.

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